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quelques beaux récits de la Bible, ajoutez-y l’Odyssée, et nos Odyssées modernes, nos bons voyageurs. Tout cela lu fort lentement, toujours dans le même esprit, c’est-à-dire en lui montrant sous ces différences extérieures de mœurs, d’usages, de cultes, combien peu l’homme a changé. La plupart des discordances ne sont qu’apparentes, ou parfois nécessitées par des singularités de races ou de climats. Le bon sens éclaire tout cela.

Pour la famille, par exemple, on sent bien qu’elle ne peut être la même sous la fatalité physique de cette fournaise de l’Inde où la femme est une enfant qu’on épouse à huit ou dix ans. Mais, dès qu’on se place dans un monde libre et naturel, l’idéal de la famille est absolument identique. Tel il est dans Zoroastre, dans Homère, tel pour Socrate (V. l’admirable passage des Économiques de Xénophon), tel enfin à Rome et chez nous. On voit dans Aristophane que les femmes grecques, nullement dépendantes, régnaient chez elles, et souvent influaient puissamment dans l’État. On le voit dans Thucydide, où, les hommes ayant voté le massacre de Lesbos, mais se retrouvant chez eux le soir en face de leurs femmes, se déjugèrent, rétractèrent cet arrêt.

Les lois nous trompent beaucoup. On croit par exemple que, partout où le gendre paye le père, il