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Rien de plus simple que la révélation du sexe à l’enfant préparée ainsi. Pour celle qu’on laisse ignorante des lois générales, qui apprend tout en une fois, c’est une chose grande et dangereuse. Que penser de l’imprudence des parents qui s’en remettent au hasard ? Car, qu’est-ce que le hasard ? c’est souvent une compagne nullement innocente, nullement pure d’imagination. Le hasard, c’est encore (et plus souvent qu’on ne croit) un mot léger, sensuel, du jeune, du plus proche parent. Les mères diront non, et s’indigneront ; tous leurs enfants sont parfaits. Elles sont trop assoties de leurs fils, pour croire l’évidence même.

Quoi qu’il en soit, cette révélation, si elle n’est donnée par la mère, est saisissante et foudroyante ; elle tue la volonté ; à cette heure la pauvre petite, avant de revenir à elle, est comme à discrétion.

Quant à celle-ci, qui, de bonne heure, a très-froidement appris la génération des plantes, la génération des insectes, elle qui sait qu’en toute espèce la vie se refait par l’œuf, et que la nature entière est dans le travail éternel de l’ovulation, elle n’est point du tout étonnée d’être dans la règle commune. La mue pénible qui chaque mois accompagne ce phénomène, semble aussi fort naturelle quand on a vu des mues si laborieuses dans les espèces inférieures.