Page:Michelet - La femme.djvu/16

Cette page a été validée par deux contributeurs.

si vous vivez à Paris, cela n’en vaut pas la peine. Il est trop aisé de faire autrement. »

On sait le mot qui marqua la fin du peuple le plus spirituel de la terre, du peuple d’Athènes : « Ah ! si nous pouvions, sans femmes, avoir des enfants ! » — Ce fut bien pis dans l’Empire. Toutes les pénalités légales, ces lois Julia qui croyaient marier l’homme à coups de bâton, ne parvinrent plus à le rapprocher de la femme, et il sembla même que le désir physique, cette belle fatalité qui aiguillonne le monde et centuple ses énergies, se fût éteint ici-bas. Pour ne plus voir une femme, on fuyait jusqu’en Thébaïde.




Les motifs qui, aujourd’hui, non-seulement font craindre le mariage, mais éloignent de la société des femmes, sont divers et compliqués.

Le premier, incontestablement, c’est la misère croissante des filles pauvres qui les met à discrétion, la facilité de posséder ces victimes de la faim. De là la satiété et l’énervation, de là l’inaccoutumance d’un amour plus élevé, l’ennui mortel qu’on trouverait à solliciter longuement ce que si facilement on peut avoir chaque soir.

Celui même qui aurait d’autres besoins et des