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Les vers à soie, innocemment, elle en cueille la petite graine (semence de papillon), la soigne, la garde sur elle, la mûrit de sa chaleur, la tient jour et nuit dans l’abri de son sein qui n’est pas encore. Un matin, elle a le bonheur de voir un monde nouveau, éclos d’elle, de son jeune amour.

Ainsi elle va toujours heureuse et créant. Continue, aime, enfante, ma fille. Associe-toi, chère petite, à la grande maternité. Il n’en coûte rien encore à ton tendre cœur. Tu crées, et dans la paix profonde. Demain, il t’en coûtera davantage, ton cœur saignera… Ah ! le mien aussi, crois-le bien. Mais pour aujourd’hui, jouissons. Je n’aurai rien de plus doux que de voir, en si grand repos, dans l’attendrissante innocence, ta petite fécondité. Cela me rassure pour toi. Quoi qu’il arrive, tu auras eu ta part en ce monde. Cette part, c’est, dans l’œuvre divine, de concourir et de créer.