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qu’exige la culture du jardin. Il n’était qu’un amusement, mais, dès qu’il est compris, soigné, dans son rapport avec la vie, la santé de ceux qu’on aime, quand le jardin est l’auxiliaire du ménage, il devient chose importante, et on le cultive bien mieux. Observer et tenir compte de nombre de circonstances variables ; respecter le temps et dompter ses impatiences puériles, soumettre sa jeune volonté à la loi générale ; employer son activité, mais savoir qu’elle n’est pas tout, et reconnaître le concours de la nature ; finalement, manquer souvent, ne se décourager jamais ; — c’est la culture, c’est le travail mêlé de tous les travaux ; — c’est au complet, la vie humaine.

Cuisine et jardin sont deux pièces du même laboratoire, travaillant pour le même but. La première achève au foyer la maturation que l’autre commença par le soleil. Ils échangent entre eux leurs puissances. Le jardin nourrit la cuisine, la cuisine nourrit le jardin. Les simples eaux de ménage qu’on jette au loin avec dégoût, sont acceptées (si j’en crois un horticulteur distingué), comme un excellent aliment par les pures et nobles fleurs. Ne méprisez rien. Le dernier rebut, le moindre débris du café, est avidement saisi par les végétaux, comme une flamme, un esprit de vie ; au bout de trois années entières, ils en sentent encore la chaleur.