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Fourier a très-bien remarqué que les enfants ont le goût de la cuisine et y aident volontiers. Est-ce singerie ? gourmandise ?

Mais je ne suis pas d’avis d’encourager la singerie, comme il le conseille. Je n’aime pas non plus, lorsqu’il s’agit d’une chose qui sera si grave, qu’on habitue cette enfant à s’en faire un jeu, à perdre le temps en petits gâchis pour le repas de sa poupée. J’aime mieux qu’on attende un peu plus, et que, quand elle est devenue adroite, et déjà sérieuse par ses essais de jardinage, sa mère l’initie à une fonction où la vie de son père est intéressée, où celui qui les nourrit est nourri par elles, où pour la première fois l’enfant peut le servir, heureuse de l’entendre dire au repas : « Merci, ma fille. »

Chaque art développe en nous quelques qualités nouvelles. Le ménage et la cuisine exigent à un haut degré la propreté la plus exquise, et passablement de dextérité. L’égalité d’humeur et de caractère y fait beaucoup plus qu’on ne croit. Nulle personne brusque, variable, n’y peut mener à bien les choses. Un sens juste de mesure précise y est nécessaire. Ajoutez, au plus haut degré, l’à-propos, la décision, pour finir où il faut finir et savoir s’arrêter à point.

Mettez en face les dons, plus graves encore,