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fleurs médicinales et plantes de pharmacie, utiles et salutaires poisons.

Mais voici l’œuvre souveraine de la grande maternité. Elles arrivent celles qui doivent nourrir les populations entières, les vénérables tribus des légumineuses (E. Noël). Elles arrivent les graminées, les pauvres du règne végétal, qui en sont aussi, dit Linné, la vaillance, la force héroïque ; qu’on les maltraite et qu’on les foule, elles multiplieront davantage !

« Leurs deux feuilles nourricières (ou cotylédons), sont des mamelles. Cinq ou six pauvres graminées, du trop-plein de leurs mamelles nourrissent l’espèce humaine. » (E. Noël.)

Ma fille, n’imite pas l’enfant léger, étourdi, qui, voyant flotter au vent cette mouvante mer d’or, que le coquelicot et le bluet égayent de leur éclat stérile, va au travers chercher ces fleurs. Que ton petit pied suive bien la ligne étroite du sentier. Respecte notre père nourricier, ce bon blé, qui, de faible tige, soutient avec peine sa tête pesante où est notre pain de demain. Chaque épi que tu détruirais, ôterait la vie aux pauvres, au méritant travailleur, qui, toute l’année, a pâti pour le faire venir. Le sort de ce blé lui-même mérite ton plus tendre respect. Tout l’hiver, enclos dans la terre, il a patienté sous la neige ; puis, aux froides pluies du printemps, sa petite tige