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plie. La voilà vêtue de sa robe verte aux plis immenses qu’on appelle des montagnes et des coteaux. Crois-tu que ce soit seulement pour te donner des marguerites, qu’elle a versé de son sein cet océan d’herbes et de fleurs ? Non, amie ; la grande nourrice, la maman universelle, a d’abord servi ce banquet à nos humbles frères et sœurs par lesquels elle nous nourrit. La bonne vache, la douce brebis, la sobre chèvre qui vit de si peu et fait vivre le plus pauvre, c’est pour elles que sont préparées ces belles prairies… Du lait virginal de la terre elles vont combler leurs mamelles, te donner le lait, le beurre… Reçois-les, et remercie. »

À ces aliments frais et doux va se joindre la fraîcheur des premières plantes potagères, des premiers fruits. Avec la chaleur apparaît à point nommé la groseille, la petite fraise des bois qu’une autre, petite gourmande, découvre à son exquise odeur. L’aigrelet de la première, le fondant de la seconde, et la douceur de la cerise, ce sont les prévoyants remèdes qui nous viennent aux jours brûlants où l’été s’exalte, s’enivre, où commencent sous un soleil accablant les grands travaux de récolte.

Cette ivresse a apparu d’abord aux parfums de la rose, suaves, mais trop pénétrants, dont la tête est alourdie. La coquette reine des fleurs amène triomphalement la légion plus sérieuse de ses sœurs,