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l’enfant n’est guère avertie de ce charmant délire des plantes, que par leur enivrante odeur. Sa mobilité la préserve de s’en imprégner longtemps.

La petite fille, qui de bonne heure est un être si complet, bien plus fine que le garçon, plus susceptible de recevoir des impressions délicates, a un sens de plus, celui des parfums, des arômes. Elle en serait pénétrée, et par moment y trouverait un épanouissement sensuel, mais cette fleur n’est pas pour elle un objet d’amour oisif, de jouissance paresseuse ; elle est une occasion de travail et d’activité, d’inquiétude, de succès, de joie, une occupation de cœur et d’esprit. Enfin, pour dire d’un mot la chose : ici encore, la maternité balance et guérit l’amour. La fleur n’est pas son amant ; pourquoi ? c’est qu’elle est sa fille.




Mauvaise et dangereuse ivresse pour la petite demoiselle, tenue assise, privée du grand air et du mouvement, que d’aspirer dans un salon l’émanation concentrée d’un amoureux bouquet de fleurs. Et ce n’est pas la tête seule qui chancelle. Un de nos romanciers s’est plu à montrer la vertu incertaine d’une jeune femme qui cède à ces influences. Elles ne seraient pas moins puissantes pour troubler la