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fitera par son unique giroflée plus que l’enfant gâtée des riches, lancée dans de grands parterres qu’elle ne sait que dévaster. Le soin, la contemplation assidue de cette fleur, les rapports qu’on lui montrera entre sa plante et telle influence d’atmosphère ou de saison, avec cela seul on ferait une éducation tout entière. Observation, expérience, réflexion, raisonnement, tout peut y venir. Qui ne sait le parti admirable que Bernardin de Saint-Pierre a tiré de ce fraisier né par hasard sur une fenêtre dans un pot de terre ? Il y a vu un infini, et pris là le point de départ de ses harmonies végétales, simples, populaires, enfantines, mais non pas moins scientifiques. (V. Alex. de Humboldt.)

Cette fleur est tout un monde, pur, innocent, pacifiant. La petite fleur humaine s’y harmonise d’autant mieux qu’elle ne lui est pas semblable dans le point essentiel. La femme, surtout la femme enfant, est toute dans la vie nerveuse ; la plante, qui n’a pas de nerfs, lui est un doux complément, un calmant, un rafraîchissant, une innocence relative.

Il est vrai que cette plante, à l’état de fleur, surexcitée au-dessus d’elle-même, paraît animalisée. Et dans certaines espèces (petites et vues au microscope), elle affecte, pour l’organe d’amour, une surprenante identité avec les vies supérieures. Mais