Page:Michelet - La femme.djvu/128

Cette page a été validée par deux contributeurs.

On sentira de plus en plus combien cela est heureux. Seule, elle peut élever l’homme, surtout dans les années décisives où il faut, avec une tendresse prudente, ménager, en l’harmonisant, sa jeune liberté. Pour briser brutalement et casser la plante humaine, comme on l’a fait jusqu’ici, il n’était besoin des femmes. Mais elles seront reconnues comme les seules éducatrices possibles, à mesure que l’on voudra cultiver dans chaque enfant le génie propre et natif qui varie infiniment. Nul que la femme n’est assez fin, assez doux, assez patient, pour sentir tant de nuances et pour en tirer parti.




Le monde vit de la femme. Elle y met deux éléments qui font toute civilisation : sa grâce, sa délicatesse, — mais celle-ci est surtout un reflet de sa pureté.

Que serait-ce du monde de l’homme, si ces deux choses manquaient ? Ceux qui semblent y tenir le moins, ignorent que, sans cette grâce, ces formes au moins de pureté, l’amour s’éteindrait ici-bas, l’amour, l’aiguillon tout-puissant de nos activités humaines. Heureux tourment ! trouble fécond ! sans vous, qui voudra de la vie ?

Il faut, il faut absolument que la femme soit gra-