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VI

LA FEMME EST UNE RELIGION


Le père, dans l’éducation, est beaucoup trop dominé par l’idée de l’avenir, c’est-à-dire de l’incertain. La mère veut surtout le présent, que l’enfant soit heureux, qu’il vive. Je suis du parti de la mère.

Qu’il vive ! C’est en réalité le plus difficile. Les hommes ne s’en doutent pas. Même quand ils ont sous les yeux le spectacle des efforts, des veilles, des soins inquiets, qui chaque jour sauvent, prolongent la fragile créature, ils raisonnent avec sang-froid sur ce qu’elle fera dans dix ans. Qu’ils comprennent donc au moins les chiffres incontestés, officiels, de la mortalité effroyable des enfants. Celui qui naît est longtemps un mort probable ; sans la mère, un mort certain. Le berceau est pour la plu-