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Je ne me trompe pas ici. Les premières émotions, fortes sans doute, cependant ne m’ont pas fait illusion. M. le docteur Béraud et un artiste, fort habile, qui peint tout le jour des planches anatomiques, quelque habitués qu’ils fussent à voir ces objets, jugeaient comme moi. C’est très-réellement la fleur des fleurs, l’objet délicat, innocent, charmant entre tous, la plus touchante beauté qu’ait réalisée la Nature.

Le vaste établissement où j’étudiais, me permettait de suivre une méthode prudente, de renouveler et vérifier mes observations, d’établir des comparaisons entre des enfants d’âge et de sexe différents, et d’autre part de comparer les enfants et les adultes, jusqu’à la vieillesse même. En peu de jours, j’eus sous les yeux des cerveaux de tous les âges, qui me permirent de suivre, d’année en année, le progrès du temps.

Les plus jeunes, c’était une fille qui avait vécu peu de jours, et des garçons d’un an au plus. Elle n’avait pas vu la lumière, et eux ils avaient eu le temps d’en être imprégnés. Elle avait le cerveau flottant, à l’état rudimentaire ; eux, au contraire, ils l’avaient aussi fort, aussi fixé, presque aussi riche déjà que les enfants plus âgés et même les grandes personnes.

Passé cette grande révolution de la première an-