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viii
PRÉFACE

La Russie, d’autant, se défait et se cadavérise. C’est son progrès ; je l’ai marqué, et pour les temps dont elle est le plus fière. Plus elle a conquis dans l’espace, plus elle est entrée dans la mort. Le brutal Pierre le Grand crée l’empire, tue la nation. La fangeuse Catherine, Nicolas le féroce, autant de meurtriers de la Russie. Sous Alexandre II, à quel état est-elle de décomposition !

Mort certaine ! et les vers y sont. Croyez-vous que, sans cela, on parlerait de l’ogre avec cette liberté ? Croyez-vous que, s’il n’était pas mort, le vieux lord Palmerston eût nettement flétri le dernier guet-apens, appliqué au fer chaud le mot qui restera : « conscription ? non, proscription. »

Avec les morts ou les mourants, on parle sans façon. On prend cette franchise. Et cela les achève.