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par amitié pour la Pologne, pour la protection des Polonais dissidents. Ce n’est pas tout, l’impératrice ne protège pas moins les Polonais fidèles à leurs anciennes lois barbares, à leur vieille anarchie.

C’est le second moyen de dissolution :

admiratrice de l’antique constitution de la Pologne, elle ne souffrira pas que le pays se transforme ni que le gouvernement y prenne aucune force.

Dans ce second travail, la Russie s’attache surtout à créer une Pologne contre la Pologne, comme un médecin période qui, se chargeant de guérir un malade malgré lui, saurait habilement, dans ce corps vivant, susciter d’autres corps-vivants, y faire naître des vers…

Il y eut là des scènes d’un comique exécrable. Ces Polonais, amis des Russes, donnèrent les plus étranges scènes de patriotisme. On en vit un à genoux dans la diète, au milieu de la salle, tenant près de lui son fils de six ans, et, le poignard à la main, criant qu’il allait le tuer si l’on changeait les vieilles lois, qu’il voulait rester libre ou tuer son enfant.

Voilà la seconde opération de la Russie. La troisième, plus hardie, n’est plus seulement politique, mais sociale. Dès 1794, au temps de Kosciusko, la Russie n’entre en Pologne que pour assurer le bien-être des innocents habitants clés campagnes. Elle pousse le cri de Spartacus, rappel aux guerres serviles ;