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Deux puissances ont seules connu la mécanique du mensonge et l’ont pratiqué en grand : les jésuites proprement dits, et ce jésuitisme russe.

Le temps moderne, supérieur en toute chose, armé d’une foule de moyens et d’arts nouveaux et inconnus à l’antiquité, offre ici deux œuvres incomparables de mensonges systématiques, deux illiades de fraudes, telles qu’aucun âge antérieur n’eût pu même les concevoir.-La première, accomplie par les jésuites vers le temps d’Henri IV, fut leur patient travail d’éducation pour refaire un monde de fanatisme et de meurtre, et recommencer en grand la Saint-Barthélemy sous le nom de Guerre de trente ans. — L’autre travail, plus moderne, qui dure depuis bien près d’un siècle, c’est la persévérante intrigue par laquelle le jésuitisme russe (j’appelle ainsi cette ténébreuse diplomatie) parvint à dissoudre au dedans la Pologne, à l’envelopper au dehors comme d’un réseau de ténèbres, travaillant toute l’Europe contre elle, acquérant par flatterie ou par argent les organes dominants de L’opinion, créant une opinion factice, une publicité apparente qui rendait les choses secrètes, enfin, peu à peu enhardie, mêlant aux moyens de ruse une fascination de terreur.

Ce travail a été très long, et il faut beaucoup de temps pour l’étudier. Mais, vraiment, il en vaut la peine. Ceux qui auront la patience de le suivre dans Rulhières, Oginski, Chodsko, Lelewell et autres écrivains,