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que les vrais russes avaient des yeux d’insectes, brillants, mais sans regard humain.

On devine, à les voir, la sensible lacune qui se trouve en cette race. Ce ne sont pas des hommes encore.

Nous voulons dire qu’il leur manque l’attribut essentiel de l’homme : la faculté morale, le sens du bien et du mal. Ce sens et cette idée, c’est la base du monde. Un homme qui ne l’a pas flotte encore au hasard, comme un chaos moral qui attend la création.

Nous ne nions pas que les Russes n’aient pas beaucoup de qualités aimables. Ils sont doux et faciles, bons compagnons, tendres parents, humains et charitables. Seulement, la sincérité, la moralité, leur manquent entièrement.

Ils mentent innocemment, volent innocemment, mentent, volent toujours.

Chose étrange ! la faculté admirative, très développée chez eux, leur permet de sentir le poétique, le grand, le sublime peut-être. Mais le vrai et le juste n’ont aucun sens pour eux. Parlez-en, ils restent muets, ils sourient, ils ne savent ce que vous voulez dire.

La justice n’est pas seulement la garantie de toute société, elle en fait la réalité, le fonds et la substance. Une société où elle est ignorée est une société apparente, sans réalité, fausse et vide.