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mais cela ne l’empêcherait pas de s’enfoncer elle-même dans le néant et dans le rien, dans les profondes boues d’une dissolution définitive.

Au reste, la Russie le sent. Malgré son atroce gouvernement, malgré le maître fou qui l’enfonce aux abîmes, elle sent bien que tout son espoir est dans cette pauvre Pologne. Elle le sent ; elle se souvient de la fraternité. Ce souvenir et ce sentiment sont à elle, Russie, sa légitimité, et c’est pourquoi Dieu la sauvera.

Vivez, Pologne, vivez ! Le monde vous en prie, toutes les nations ; nul n’en a plus besoin que l’infortuné peuple russe. Le salut de ce peuple et sa rénovation sont pour vous une glorieuse raison d’être. Plus il descend, ce peuple, plus votre droit de vivre augmente, plus vous devenez sacrée, nécessaire et fatale.