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des renaissances. Ses abattements sont grands. Le monde crie alors : « Elle est morte. » On le criait à Rosbach. Et c'est justement de là, qu'éveillée d'une faible étincelle, elle reprit force et chaleur, ranima ceμx qui la croyaient éteinte, et transfigurée par l'esprit, devint le soleil du monde.

Cette force de régénération, elle est dans l'idée qui se renouvelle. Que serait-ce si un peuple qui perdrait son idée antique était sevré de toute autre, isolé, tenu hors des communications vitales, si l'on empêchait l'air d'arriver jusqu’à lui ?

C'est le cas du peuple russe. ,

Sa vie était dans la commune, petite association patriarcale qui divise la terre à ses membres, et leur en répartit la culture alternative. Puissant lien entre les hommes. Maintenant l'homme est déraciné de la terre et de la commune. Possesseur jadis de cette terre, serf, depuis deux siècles attaché à elle, il se consolait en la croyant attachée à lui. Voilà qu’il n'en est plus qu'une dépendance mobile, un meuble qu'on vend aux mines, aux fabriques.

Chose touchante, et qui arrache les larmes ! cette population vouée au servage avait fait un effort du cœur pour l'assimiler aux sentiments de la nature ; le serf appelait le maître son père. Il était l'enfant du seigneur, et le seigneur fils du czar. Tout ce monde était suspendu à l'idée de paternité. Là fut la foi russe et tout le cœur russe… Et vous l'avez brisé ce cœur !