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s’affaisse… Et les derniers des Polonais, par un dévouement suprême à ce qu’ils ont adoré, le soutiennent encore, ce dôme, sur la pointe de leurs lances.

Rome ne soutient pas la Pologne ’. La Pologne soutient Rome encore,-Rome amie de la Russie, Rome qui reçut ce Phalaris ivre et rouge de sang chrétien.

Prenez-y garde, Polonais, depuis qu’il a prié dessous, il tombe, il s’écroule, ce dôme, rien n’en arrêtera la chute ; il descend dans la boue sanglante… Votre fidélité obstinée n’empêchera rien.

Voyez, ce que le catholicisme a fait de l’Irlande ; effroyable destinée ! la population subsiste nombreuse, et la race a disparu, a perdu sa vitalité, s’est neutralisée, évanouie. Voyez la stérilité de l’Espagne depuis Philippe II. Voyez que de siècles la foi des esclaves, la foi des morts, a retenu l’Italie comme enfermée dans un tombeau. La France enfin, ah ! quelle blessure vient de lui porter le catholicisme ! (1849) elle en saignera à jamais… maudite de l’Italie !

De grâce, ne perdez pas de vue la première origine de vos malheurs. Vous étiez au seizième siècle le plus tolérant, le plus doux des peuples, ainsi que le plus