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Quel chaud et puissant cordial lui rentrerait dans la poitrine !… La culture qu’il lui faudrait, ce n’est pas, comme on le croit, d’apprendre un moment à lire (pour l’oublier le lendemain, n’ayant ni livres, ni loisir). Ce qu’il lui faut, et ce qu’il recevrait avidement, se sont ses propres souvenirs, rafraîchis et réveillés ; ce sont ses glorieuses antiquités, c’est la Pologne elle-même. — Dites-lui vos grandes guerres des Turcs, et l’Europe défendue par vous ; dites-lui jean Sobieski, la délivrance de vienne, le salut de l’Allemagne ; dites-lui le vieux chant slave, qui lui fut un jour redit par un pape. — Des envoyés de Pologne, se trouvant à Rome, demandaient des reliques au pape pour en faire don à leurs églises. Ils en eurent cette réponse : " pauvres gens, que venez-vous demander ici dès reliques ?… Avez-vous donc oublié la vieille chanson de votre pays : ô polonais ! Polonais ! ouvrez partout où vous voudrez la terre de Pologne prenez-en ; tout ce que vous prendrez, c’est toujours cendre de martyrs.

Bel aveu, noble réponse, qui fait honneur à l’Italien. La Pologne a sa sainteté en elle-même, non dans la Rome des papes. La ville des catacombes ne lui renverra pas la vie, non plus que le don des miracles. La Rome qui ressuscite sous nos yeux, c’est la Rome ennemie des papes, la vraie Rome de l’antiquité.

Dans un sublime chant polonais (Vision de la nuit de Noël), on voit le dôme de Saint-Pierre, fendu, qui