Page:Michelet - La Pologne martyr, Dentu, 1863.djvu/103

Cette page n’a pas encore été corrigée

des nègres et l’éducation des jeunes filles de couleur.

Bien ne prouve mieux l’originalité réelle du caractère de Kosciusko que la vive impression qu’il faisait sur le peuple, les simples, les barbares, tandis que les beaux esprits, tes littérateurs de métier, ne pouvaient rien trouver en lui. Nodier, qui le vit à Paris, le trouva ennuyeux ; il l’appelle et un tartare maussade. " Au contraire, en Amérique, les sauvages l’avaient accueilli avec la plus vive admiration ; ces races si mal heureuses, mais véritablement héroïques, ne se trompent point sur les héros. Le chef des Creeks s’était voué à lui" à la vie et à la mort ; au seul nom de Catherine, au récit, de ses machinations, il brandissait sa hache dans la plus terrible fureur. Il s’écriait ; " elle ne sait pas, cette femme, ce que mon ami peut encore faire ! "

Kosciusko, si bien traité en Amérique, était trop loin de la Pologne. Il vint s’établir en France, à Fontainebleau, dans une solitude profonde, chez un Suisse, son intime ami. Il y reçut les plus grandes consolations qu’il pût avoir en ce monde ; de là il suivit des yeux un merveilleux phénomène, la renaissance militaire delà Pologne, le sublime démenti que nos légions polonaises donnèrent au mensonge des russes ; finis poloniae. Ces légions, mêlées aux nôtres, firent retentir toute l’Europe de leur chant national : " la Pologne n’est pas morte ; en nous, elle vit encore. "