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Quand j’ai dit et prédit ce qu’on voit, il y a déjà longtemps, qui avais-je avec moi ? personne,

On sait quel était le profond respect du dernier gouvernement pour l’empire russe. Il prenait à la lettre tous les mensonges du duc de Raguse et autres sur les forces de la Russie.

Mes amis les plus éclairés n’étaient pas loin eux-mêmes d’adopter, comme prédiction sérieuse, la sinistre chanson de Béranger sur le Cosaque, sur la fatalité qui le conduit vers l’Occident.

Chose curieuse ! les Polonais, plus que personne, croyaient à la Russie. Tel, et des plus vaillants que je pourrais nommer, par une modestie de héros, s’exagérait fort l’armée russe. Tel (le christ, le martyr de la réconciliation), par un énorme sacrifice, réhabilitait les bourreaux. Abel pardonnait à Caïn.

Faut-il le dire aussi ? Ce Nicolas, par sa foi superstitieuse à son rôle de Fléau de Dieu, par son exécrable ostentation à étaler tout ce qui fait horreur, avait fait impression. Il se crut Iwan le Terrible. Il le fit croire.