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« Sans tempête, par le roulis seul, le vent étant droit de l’arrière, une lame qui vient de travers fait des secousses si dures, que la cloche du vaisseau se met à tinter d’elle-même, et, si ces grands roulis duraient, avec leurs mouvements à faux, il en serait détraqué, démembré et démoli.

« Aux Açores, du banc des Aiguilles, dit encore d’Urville, les lames atteignaient quatre-vingts, cent pieds de hauteur. Jamais je ne vis une mer si monstrueuse. Ces vagues ne déferlaient sur nous heureusement que de leurs sommités ; autrement la corvette était engloutie… Dans cet horrible combat, elle resta immobile, ne sachant à qui entendre. Par moments, les marins, sur le pont, étaient submergés. Affreux chaos qui ne dura pas moins de quatre heures de nuit… un siècle à blanchir les cheveux !… — Telles sont les tempêtes australes, si terribles, que, même sur terre, les naturels qui les pressentent en sont épouvantés d’avance et se cachent dans leurs cavernes. »


Quelque exactes, intéressantes, que soient ces descriptions, je n’ai garde de les copier. Encore moins m’enhardirais-je à imaginer, arranger les