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tanés, extérieurs, qui paraissent n’affecter que des couches de quelques centaines de pieds ?

Partout où la mer est profonde, sa vie continue équilibrée, parfaitement balancée, calme et féconde, toute à ses enfantements. Elle ne s’aperçoit pas de ces petits accidents qui ne se passent qu’en haut. Les grandes légions de ses enfants qui vivent (quoi qu’on ait dit) au fond de sa paisible nuit et ne remontent tout au plus qu’une fois par an vers la lumière et les tempêtes doivent aimer leur grande nourrice comme l’harmonie elle-même.


Quoi qu’il en soit, ces accidents intéressent trop la vie de l’homme pour qu’il ne mette pas tous ses soins à les observer. Cela ne lui est pas facile. Il y garde peu son sang-froid. Les descriptions les plus sérieuses donnent des traits vagues et généraux, fort peu ce qui fait pour chaque tempête son originalité, ce qui l’individualise comme résultante imprévue de mille circonstances obscures, impossibles à démêler. L’observateur en sûreté qui regarde du rivage voit mieux sans doute, n’étant pas occupé de son péril. Mais peut-il juger de l’ensemble autant que celui qui est au centre du