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breuses ? Ceux qui y vivent ou qui y flottent, des animaux, des végétaux.

Nous verrons comment la baleine, comment les atomes à coquilles (foraminifères), comment les bois américains, transportés jusqu’en Islande, ont concouru à révéler le fleuve d’eaux chaudes qui va des Antilles à l’Europe, et le contre-courant froid qui vient le joindre à Terre-Neuve, et passe à côté ou dessous, résolvant ses glaces en vastes brouillards.

Une nuée rouge d’animalcules, transportée par une tempête de l’Orénoque à la France, a expliqué le grand courant aérien du Sud-Ouest qui rafraîchit notre Europe avec les pluies des Cordillères.

Sans l’échange constant des eaux qui se fait par les courants dans les profondeurs de la mer, elle se comblerait par place de sels et de détritus. Il en serait comme de la mer Morte, qui, n’ayant ni écoulement ni mouvement, voit ses bords chargés de sel, ses plantes incrustées de cristaux. À passer seulement sur elle, les vents se font brûlants, arides, portent la famine et la mort.


Tant d’observations dispersées sur les courants