Page:Michelet - La Mer, 1875.djvu/60

Cette page a été validée par deux contributeurs.

des rivages, les obstacles non moins résistants des vents, des courants, les rivalités des fleuves de la terre, qui, tombés des monts, emportés par leurs pentes rapides, selon les fontes de neige et cent accidents imprévus, viennent se jeter au travers et changer le mouvement régulier en luttes terribles. L’Océan ne cède pas. Le déploiement de forces que font les grandes rivières n’est pas pour l’intimider. Les eaux qu’on pousse sur lui, il les rembarre, les ramasse, les roule en montagne, jusqu’à Rouen, jusqu’à Bordeaux, dans une si grande violence, qu’on dirait qu’il va leur faire remonter les montagnes mêmes.

Des obstacles si divers créent aux marées d’apparentes irrégularités qui frappent, embarrassent l’esprit. Rien ne surprend plus que leurs heures contradictoires entre des ports très voisins. Une marée du Havre, par exemple, en vaut deux de Dieppe (Chazallon, Baude, etc.). C’est une gloire du génie humain d’avoir soumis au calcul des phénomènes si complexes.


Mais sous ce mouvement extérieur la mer en a d’autres au dedans, ceux des courants qui la traversent à telle ou telle profondeur. Superposés