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ques de la musique céleste, comme l’avait dit l’antiquité.

La terre, par sa grande marée et par les marées partielles, parle aux planètes ses sœurs. Répondent-elles ? On doit le penser. De leurs éléments fluides, elles doivent aussi se soulever, sensibles à l’élan de la terre. L’attraction mutuelle, la tendance de chaque astre à sortir de son égoïsme, doit créer à travers les cieux de sublimes dialogues. Malheureusement, l’oreille humaine en entend la moindre partie.


Autre point à considérer. Ce n’est point au moment du passage de l’astre influent que la mer lui cède. Elle n’a pas l’empressement d’une obéissance servile. Il lui faut du temps pour sentir et suivre l’ébranlement. Il faut qu’elle appelle à elle les eaux paresseusses, qu’elle vainque leur force d’inertie, qu’elle attire, entraîne les plus éloignées. La rotation de la terre, si terriblement rapide, déplace incessamment les points soumis à l’attraction. Ajoutez que l’armée des flots, dans son mouvement d’ensemble, a toutes les contrariétés des obstacles naturels, îles, caps, détroits, directions si variées