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cercle des eaux, cercle de feux

plus visible de la superficie du globe, résultant des révolutions insondables de son intérieur, garde cependant, gardera pour la plus ingénieuse science des ombres et des mystères.

Les formes de la grande montagne émergée des eaux qu’on appelle proprement la terre, offrent plusieurs dispositions assez symétriques sans pouvoir être ramenées encore à ce qui semblerait un système total. Ces parties sèches et élevées apparaissent plus ou moins, selon que l’eau en découvre. C’est la mer, comme limite, qui trace, en réalité, la forme des continents. C’est par la mer qu’il convient de commencer toute géographie.

Ajoutez une grande chose, révélée depuis peu d’années. Tandis que la terre nous offre tels traits qui semblent discordants (exemple, le Nouveau monde étendu du nord au sud et l’Ancien d’est en ouest), la mer au contraire présente une très grande harmonie, une correspondance exacte entre les deux hémisphères. C’est dans la partie fluide, qu’on croyait si capricieuse, qu’existe la régularité. Ce que ce globe a de plus ordonné, de plus symétrique, c’est ce qui paraît le plus libre, le jeu de la circulation. L’ossature et les vertèbres du grand animal ont leurs singularités dont nous ne pouvons encore bien nous rendre compte. Mais son mouvement vital qui fait les courants de la