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peuvent, ils feraient. Mais ils ne font rien ; ils meurent.

L’enfance de l’homme, comme celle des plantes et de toute chose, a besoin de repos, d’air, de douce liberté. Ici tout lui est contraire, nos mérites autant que nos vices. Tout semblerait combiné pour étouffer les enfants. Les aimons-nous ? Oui, sans doute. Et cependant nous les tuons. Une société si agitée, si violente, c’est (qu’elle le sache ou non) une vraie guerre à l’enfance.

Il est des moments surtout dans son développement, des crises où elle tient à un fil. La vie a l’air d’hésiter, de se demander : « Durerai-je ? » À ces moments décisifs, notre contact, le séjour des villes et la vie des foules, pour ces créatures chancelantes, c’est la mort. Ou (pis encore) c’est l’entrée d’une longue carrière de maladies. Un misérable commence qui, tombant, se relevant, retombant, les trois quarts du temps se traînera à la charge de la charité publique.

Il faut couper court à cela. Il faut prévoir. Il faut tirer l’enfant de ce milieu funeste, l’ôter à l’homme, le donner à la Nature, lui faire aspirer la vie dans les souffles de la mer. L’enfant malade y guérirait. L’enfant trouvé y grandirait. Affermi, fortifié, plus d’un y prendrait une vocation maritime ; au lieu