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rire et pleurer. Il faut avouer aussi que la langue y fait beaucoup, langue charmante de femmes et d’enfants, si tendre, et pourtant brillante, jolie dans la douleur même. C’est une pluie de larmes et de fleurs.

Puis il s’arrête et s’excuse. S’il a parlé ainsi, ce n’est pas sans cause. « C’est que ces enfants ne seraient pas morts si on avait pu les envoyer à la mer. » Conclusion : il faudrait établir à la côte un hospice d’enfants.

Voilà un homme bien habile. Il a pris le cœur. Tout suivra. Les hommes sont attentifs, touchés, les dames en pleurs. Elles prient, elles veulent, elles exigent. On ne peut rien leur refuser. Sans attendre le gouvernement, une libre société fonde sur-le-champ les Bains d’enfants à Viareggio.

On connaît cette belle route, ce demi-cercle enchanteur que fait la Méditerranée quand on a quitté l’âpreté de Gênes, qu’on a dépassé la rade magnifique de la Spezzia, et qu’on s’enfonce sous les oliviers virgiliens de la Toscane. À mi-chemin de Livourne, une côte conquise sur la mer offre le petit port solitaire que consacre désormais la charmante fondation.

Florence a eu l’initiative de la charité sur toute l’Europe, des hospices avant l’an 1000. En 1287,