En regard du titre, je vois le portrait de deux enfants, l’un mort et l’autre mourant aux hôpitaux de Florence. L’auteur est le médecin, qui (chose rare) avait tellement pris à cœur ses petits malades, pauvres enfants inconnus, qu’il a voulu écrire sa douleur et ses regrets.
Le premier, de sept ou huit ans, de fine et austère noblesse, dans l’amertume, ce semble, d’un grand destin inachevé, a sur l’oreiller une fleur. Sa mère, trop pauvre pour lui donner autre chose, lui en apportait en venant le voir ; il les gardait avec tant de soin, tant de religion, qu’on lui a laissé celle-ci.
L’autre, plus petit, dans la grâce attendrissante de son âge de quatre ou cinq ans, visiblement va mourir ; ses yeux flottent dans le dernier rêve. Ces enfants avaient témoigné de la sympathie l’un pour l’autre. Sans pouvoir parler, ils aimaient à se voir, à se regarder, et le compatissant médecin les avait fait placer en face l’un de l’autre. Il les a rapprochés dans la gravure comme ils l’ont été en mourant.
C’est une chose tout italienne. On se garderait bien ailleurs de se montrer faible et tendre ; on craindrait le ridicule. En Italie, point. Le docteur écrit devant le public tout comme s’il était seul. Il s’épanche sans réserve avec une abondance, une sensibilité féminine qui fait sou-