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mac, a besoin de s’habituer à cette forte nourriture, à boire le mucus de la mer, ce lait salé qui est sa vie, dont elle fait et refait les êtres. Dans la succession graduée des bains chauds, tièdes et presque froids, la peau prendra cette habitude, ce besoin ; elle en prendra soif, et boira de plus en plus.

Pour la rude cérémonie des premiers bains froids, il faut du moins éviter l’odieux regard des foules. Qu’elle se fasse en lieu sûr, sans témoin que l’indispensable, une personne dévouée, qui secoure au besoin, qui veille, soutienne, frictionne au dur moment du retour avec de très chaudes laines, donne un léger cordial d’une boisson chaude, où l’on met quelques gouttes d’élixir puissant.

« Mais, dira-t-on, le danger est moindre sous les yeux de tous. Nous sommes loin de Virginie, qui, dans un extrême péril, aima mieux se noyer que de prendre un bain. » — Erreur. Nous sommes plus nerveux que nous ne fûmes jamais. Et l’impression dont je parle est si vive et si révoltante, j’entends pour certaines personnes, qu’elle peut entraîner des effets mortels, anévrisme, apoplexie.