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au soleil et au grand vent, éprouve de l’oppression. L’enfant joue ; va, vient, court. Elle s’assoit, et, immobile, elle frissonne à ce souffle froid. La tiédeur du nid délaissé lui revient à la pensée. Cependant l’enfant s’amuse. Cela la console un peu.

Tout cela changera, madame. Affermissez-vous. L’impression sera tout autre, lorsque, connaissant mieux la mer, vous la sentirez si peuplée. La constriction pénible que vous sentez à la poitrine disparaîtra par l’habitude. Il faut se faire à cet air frais, mais salé et âpre, qui ne rafraîchit nullement. Il faut s’y faire lentement, ne pas vouloir expressément l’aspirer. Peu à peu, n’y songeant plus, dans les recoins abrités, en jouant avec votre enfant, vous respirerez librement, et vous vous dilaterez. Mais pour les commencements, restez peu de temps à la plage. Dirigez vos promenades vers l’intérieur du pays.

La terre, votre amie d’habitude, vous rappelle. Les forêts de pins rivalisent avec la mer en émanations salubres. Les leurs, toutes résineuses, sont tonifiantes comme elles, et elles n’en ont pas l’âcreté. Elles pénètrent tout notre être, nous entrent par tous les pores, modifient le sang, l’assainissent, nous parfument d’un subtil arôme. Aux landes, derrière les pins, les simples et les herbes un peu dures que vous foulez vous prodiguent des sen-