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IV

première aspiration de la mer

C’est un grand et brusque passage de quitter Paris en ce beau moment pour la plage déserte ; Paris alors éblouissant de ses jardins magnifiques et de ses marronniers en fleurs. Juin serait très beau à la côte si l’on s’y trouvait à deux, avant l’invasion de la foule. Mais, lorsque l’on y vient seul, le tête-à-tête avec la mer et la noble société de cette grande solitaire, ne sont pas sans quelque tristesse.

Aux premières visites qu’on fait à la plage, l’impression est peu favorable. C’est monotone, et c’est sauvage, aride. La grandeur inusitée du spectacle fait, par contraste, sentir qu’on est faible et petit ; le cœur est un peu serré. La délicate poitrine qui respirait dans une chambre, et qui tout à coup se trouve en cette chambre de l’univers,