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embrasser le joli petit parterre de la maîtresse de maison. À partir de ce parterre, l’abaissement progressif du sol permettrait de faire un jardin d’une certaine étendue, garanti des vents de mer. Souvent un pli de terrain en neutralise l’influence.

« Flore fuit la mer, » nous dit-on. Ce qu’elle fuit, c’est la négligence de l’homme. Je vois d’ici à Étretat, devant une très forte mer, au plus haut de la falaise, et au plus grand vent, une ferme avec un verger et des arbres admirables. Quelle précaution a-t-on prise ? Un simple remblai de cinq pieds de haut, en laissant venir dessus toute végétation fortuite, un buisson. Derrière ce remblai a poussé une ligne d’ormes assez forts qui ont abrité tout le reste. Telles localités de Bretagne auraient pu aussi me servir d’exemple. Qui ne sait tout ce que Roscoff produit de fruits, de légumes, jusqu’à en fournir à bas prix la Normandie même ?

Pour revenir à l’édifice, je le veux fort peu élevé. Seulement un rez-de-chaussée, avec un premier étage pour les chambres à coucher. Point de haut grenier, mais quelques chambres basses, qui isolent le premier du toit.

Donc, la maison sera petite. En revanche, qu’elle soit épaisse, qu’elle ait deux lignes de chambres, un appartement sur la mer et un autre vers la terre.