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tions urbaines, se fera peut-être mieux dans les climats moins égaux. Elle doit être attendue surtout des pays qui ont donné la plus haute énergie du globe, — l’acier du genre humain, la Grèce, — et la race de silex, fine aiguisée, indestructible, des Colomb et des Doria, des Masséna, des Garibaldi.



Nos ports de l’extrême Nord, Dunkerque, Boulogne, Dieppe, à la rencontre des vents et des courants de la Manche, sont encore une fabrique d’hommes qui les fait et les refait. Ce grand souffle et cette grande mer, dans leur éternel combat, c’est à ressusciter les morts. On y voit réellement des renaissances inattendues. Qui n’a pas de lésions graves est remis en un moment. Toute la machine humaine joue, bon gré, mal gré, fortement ; elle digère, elle respire. La nature y est exigeante et sait bien la faire aller. Les végétaux si robustes qui verdoient jusqu’à la côte sous les plus grands vents de mer nous font honte de nos langueurs. Chacun des petits ports normands est une percée dans la falaise où l’infatigable nord-ouest (le Norouais, en bon normand) souffle et siffle