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fond du brillant miroir des monuments naturels, comme des sarcophages antiques, des églises renversées. J’y croyais voir parfois tels aspects des cathédrales de Florence ou de Pise. Parfois aussi, il me semblait voir des sphinx silencieux, des monstres innommés encore, baleines ? éléphants ? je ne sais, des chimères et d’étranges songes ; mais, de vie réelle, aucune.

Telle qu’elle est, cette belle mer, avec ces climats puissants, elle trempe admirablement l’homme. Elle lui donne la force sèche, la plus résistante ; elle fait les plus solides races. Nos hercules du Nord sont plus forts peut-être, mais certainement moins robustes, moins acclimatables partout, que le marin provençal, catalan, celui de Gênes, de Calabre, de Grèce. Ceux-ci, cuivrés et bronzés, passent à l’état de métal. Riche couleur qui n’est point un accident de l’épiderme, mais une imbibition profonde de soleil et de vie. Un sage médecin de mes amis envoyait ses clients blafards, de Paris, de Lyon, prendre là des bains de soleil ; lui-même s’y exposait sur un rocher des heures entières. Il ne défendait que sa tête, et pour tout le reste acquérait le plus beau teint africain.

Les malades vraiment malades iront en Sicile, à Alger, à Madère, aux Canaries. Mais la régénération des faibles, des fatigués, des pâles popula-