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vous-même. Mais la puissance tonique, la salubre tonicité qui rassure tout tissu vivant, elle est triplement dans la mer. Elle l’a répandue dans ses eaux iodées à la surface ; elle l’a dans son varech, qui s’en imprègne incessamment ; elle l’a, tout animalisée, dans sa plus féconde tribu, les gades (morues, etc.). La morue et ses millions d’œufs suffirait à elle seule pour ioder toute la terre.

Est-ce la chaleur qui vous manque ? La mer l’a, et la plus parfaite, cette chaleur insensible que tous les corps gras recèlent, latente, mais si puissante, que si elle n’était répandue, balancée, équilibrée, elle fondrait toutes les glaces, ferait du pôle un équateur.

Le beau sang rouge, le sang chaud, c’est le triomphe de la mer. Par lui elle a animé, armé d’incomparable force, ses géants, tellement au-dessus de toute création terrestre. Elle a fait cet élément ; elle peut bien, pour vous, le refaire, vous roser, vous relever, pauvre fleur penchée, pâlie. Elle en regorge, en surabonde. Dans ces enfants de la mer, le sang lui-même est une mer, qui, au premier coup, roule et fume, empourpre au loin l’Océan.

Voilà le mystère révélé. Tous les principes qui, en toi, sont unis, elle les a divisés, cette grande personne impersonnelle. Elle a tes os, elle a ton