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grave question que lui adressait le duc de Newcastle.

De sa réponse il fit un livre important et curieux : de Tabe glandulari, seu de usu aquæ marinæ, 1750.

Il y dit un mot de génie : « Il ne s’agit pas de guérir, mais de refaire et créer. »

Il se propose un miracle, mais un miracle possible : faire des chairs, créer des tissus. C’est dire assez qu’il travaille sur l’enfant de préférence, qui, quoique compromis de race, peut encore être refait.

C’était l’époque où Bakewell venait d’inventer la viande. Les bestiaux dont jusque-là on ne tirait guère que du lait, allaient donner désormais une nourriture plus généreuse. Le fade régime lacté devait être délaissé par ceux qui de plus en plus se lançaient dans l’action.

Russell, de son côté, à point, dans ce petit livre, inventa la mer, je veux dire, la mit à la mode.

Le tout se résume en un mot, mais ce mot est à la fois une médecine et une éducation : 1o il faut boire l’eau de mer, s’y baigner et manger toute chose marine où sa vertu est concentrée ; 2o il faut vêtir très peu l’enfant, le tenir toujours en rapport avec l’air. — De l’air, de l’eau, rien de plus.

Le dernier conseil était bien hardi. Tenir l’enfant presque nu, sous un climat humide et variable,