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et mortes, aux tables de jeu, pâles, ouvrent leur nuit sinistre de jouissances effrénées qui souvent n’ont pas de réveil.



Autre est le souffle de la mer. De lui-même, il purifie.

Cette pureté vient aussi de l’air. Elle vient surtout de l’échange rapide qui se fait de l’un à l’autre, de la transformation mutuelle des deux océans. Nul repos ; nulle part la vie ne languit et ne s’endort. La mer la fait, défait, refait. De moment en moment, elle passe, sauvage et vivace, par le creuset de la mort. L’air encore plus violent, battu et rebattu du vent, emporté des tourbillons, concentré pour éclater dans les trombes électriques, est en révolution constante.

Vivre à la terre, c’est un repos ; vivre à la mer, c’est un combat, un combat vivifiant pour qui peut le supporter.



Le moyen âge avait l’horreur et le dégoût de la mer, « royaume du Prince des vents » ; on nom-