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sance, la force de la Révolution, il y eut un temps d’affaissement, où des signes graves accusèrent une énervation morale et physique. Le vieux monde qui s’en allait, et le jeune qui n’arrivait pas, laissèrent entre eux un entr’acte d’un siècle ou deux. Conçues du vide, naquirent des générations faibles, maladives. L’excès des plaisirs, l’excès des misères, les décimaient également. La France, trois fois ruinée de fond en comble en un siècle, s’acheva dans une orgie de malades, la Régence. L’Angleterre, qui pourtant alors grandissait sur nos ruines, ne semblait guère moins atteinte. L’idée puritaine y avait faibli et nulle autre ne venait. Aplatie sous Charles II, elle traversa plus tard le bourbeux marais des Walpole. Dans l’affaissement public, les bas instincts se firent jour. Le beau livre du Robinson laisse entrevoir l’apparition imminente de l’alcoolisme. Un autre livre (terrible), où la médecine s’aidait de toutes les menaces bibliques, dénonça le sombre suicide de dépravation égoïste qui fuyait le mariage.

Pensées troubles, habitudes mauvaises, vie molle et malsaine, tout cela se traduisait physiquement par le relâchement des tissus, l’affaissement morbide des chairs, les scrofules, etc. Des carnations charmantes cachaient les plus tristes maux. Anne d’Autriche, renommée pour son extrême fraîcheur,