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s’empresse de remonter la Seine, en tel nombre et d’un tel torrent, que le fleuve s’en trouve blanchi. Ce trésor, qui ménagé, donnerait des milliards de poissons pesant chacun plusieurs livres, est indignement dévasté. On vend par baquets, à vil prix, ces germes si précieux. Le saumon n’est pas moins fidèle. Il revient invariablement de la mer à la rivière où il a pris naissance. Ceux qu’on a marqués d’un signe se représentent sans qu’aucun presque manque à l’appel. Leur amour du fleuve natal est tel, que, s’il est coupé par des barrages, des cascades mêmes, ils s’élancent et font de mortels efforts pour y remonter.



La mer, qui commença la vie sur ce globe, en serait encore la bienfaisante nourrice, si l’homme savait seulement respecter l’ordre qui y règne et s’abstenait de le troubler.

Il ne doit pas oublier qu’elle a sa vie propre et sacrée, ses fonctions toutes indépendantes, pour le salut de la planète. Elle contribue puissamment à en créer l’harmonie, à en assurer la conservation, la salubrité. Tout cela se faisait, pendant des mil-