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rit invariablement les innombrables familles qui la couvrent de leurs barques, et qui, sûres de leurs poissons, fourmillent et multiplient de même.

En mai, sur le fleuve central de l’Empire, se fait un commerce immense de frai de poisson, que des marchands viennent acheter pour le revendre partout à ceux qui veulent déposer dans leurs viviers domestiques l’élément de fécondation. Chacun a ainsi sa réserve, qu’il nourrit tout bonnement avec les débris du ménage.

Les Romains agissaient de même. Ils poussaient l’art de l’acclimatation jusqu’à faire éclore dans l’eau douce les œufs des poissons de mer.

La fécondation artificielle, trouvée au dernier siècle par Jacobi en Allemagne, pratiquée au nôtre en Angleterre avec le plus fructueux succès, a été réinventée chez nous, en 1840, par un pêcheur de la Bresse, Remy, et c’est depuis ce temps qu’il est devenu populaire et en France et en Europe.

Entre les mains de nos savants, Coste, Pouchet, etc., cette pratique est devenue une science. On a connu entre autres choses les relations régulières de la mer et de l’eau douce, je veux dire les habitudes de certains poissons de mer qui viennent dans nos rivières à certaines saisons. L’anguille, quel qu’en soit le berceau, dès qu’elle a acquis seulement la grosseur d’une épingle,