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ment des animaux trop lourds, ou trop doux, pour se revancher. Péron vit un matelot qui s’acharnait ainsi sur la femelle d’un phoque ; elle pleurait comme une femme, gémissait, et chaque fois qu’elle ouvrait sa bouche sanglante, il frappait d’un gros aviron, et lui cassait les dents.

Aux nouvelles Shetlands du sud, dit Dumont d’Urville, les Anglais et les Américains ont exterminé les phoques en quatre ans. Par une fureur aveugle, ils égorgeaient les nouveau-nés, tuaient les femelles pleines. Souvent, ils tuent pour la peau seule, et perdent des quantités énormes d’huile dont on eût profité.



Ces carnages sont une école détestable de férocité qui déprave indignement l’homme. Les plus hideux instincts éclatent dans cette ivresse de bouchers. Honte de la nature ! on voit alors en tous (même, à l’occasion, dans les plus délicates personnes), on voit quelque chose surgir d’inattendu, d’horrible. Chez un aimable peuple, au plus charmant rivage, il se fait une étrange fête. On réunit jusqu’à cinq ou six cents thons, pour les égorger en un jour. Dans une enceinte de bar-