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dans ses ténèbres, sont très tendres pour la famille. Il n’est pas jusqu’aux crustacés, aux poulpes, qui ne s’aiment et ne se défendent ; la femelle prise, le mâle se précipite et se fait prendre.

Combien plus l’amour, la famille, le mariage au sens propre, existent-ils chez les doux amphibies ! Leur lenteur, leur vie sédentaire, favorisent l’union fixe. Chez le Morse (éléphant marin), cet animal énorme et de figure bizarre, l’amour est intrépide ; le mari se fait tuer pour la femme, elle pour l’enfant. Mais, ce qui est unique, ce qu’on ne retrouve nulle part, même chez les plus hauts animaux, c’est que le petit, déjà sauvé et caché par la mère, la voyant combattre pour lui, accourt pour la défendre, et, d’un cœur admirable, vient combattre et mourir pour elle.

Chez l’Otarie, autre amphibie, Steller vit une scène étrange, une scène de ménage absolument humaine :

Une femelle s’était laissé voler son petit. Le mari, furieux, la battait. Elle rampait devant lui, le baisait, pleurait à chaudes larmes : « Sa poitrine était inondée. »

Les baleines, qui n’ont pas la vie fixe de ces amphibies, dans leurs courses errantes à travers l’Océan, vont cependant volontiers deux à deux. Duhamel et Lacépède disent qu’en 1723 deux ba-