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Il ne veut pas pourtant qu’on les enlève, « car ils appartiennent au roi et à la reine. » Mais il dit ces sombres paroles, bien significatives : « Ils sont craintifs et faits pour obéir. Ils feront tous les travaux qu’on leur commandera. Mille d’entre eux fuient devant trois des nôtres. Si Vos Altesses m’ordonnaient de les emmener ou de les asservir ici, rien ne s’y opposerait : il suffirait de cinquante hommes. » (14 oct. et 16 déc.)

Tout à l’heure reviendra d’Europe l’arrêt général de ce peuple. Ils sont les serfs de l’or, tous employés à le chercher, tous soumis aux travaux forcés. Lui-même nous apprend que, douze ans après, les six septièmes de la population ont disparu ; et Herrera ajoute qu’en vingt-cinq ans elle tomba d’un million d’âmes à quatorze mille.



Ce qui suit, on le sait. Le mineur, le planteur, exterminèrent un monde, le repeuplant sans cesse aux dépens du sang noir. Et qu’est-il arrivé ? Le noir seul a vécu, et vit, dans les terres basses et chaudes, immensément fécondes. L’Amérique lui restera : l’Europe a fait précisément l’envers de ce qu’elle a voulu.