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et vagues et vaisseaux, les Chinois l’ont conçue comme une horrible femme, la mère Typhon, qui, en planant au ciel, choisissant ses victimes, conçoit, s’emplit et se fait grosse, pleine d’enfants de mort, les tourbillons de fer (Keu Woo).

On lui a fait des temples et des autels. On la prie, on l’adore dans l’espoir de l’humaniser.


Le brave Piddington ne l’adore pas. Tout au contraire. Il en parle sans ménagement. Il l’appelle un corsaire trop fort, un coquin de pirate qui abuse de ses forces, et qu’on ne doit pas se piquer de combattre. Il faut le fuir, sans point d’honneur.

Ce perfide ennemi vous tend parfois un piège. Par un bon vent, il vous invite. Il a hâte de vous embrasser. Laissez là ce bon vent, et tournez-lui le dos, s’il est possible. Naviguez au plus loin de ce dangereux compagnon. N’allez pas voguer de conserve. Il prendrait son moment pour vous engrener dans sa danse, vous maîtriser, vous avaler.

Je voudrais suivre cet excellent homme dans tous ses conseils paternels. Ils seraient inutiles si les deux adversaires, la trombe et le vaisseau,