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Je crois, comme M. Jules de Blosseville (un noble cœur, bon juge des grandes choses), je crois qu’il n’y eut réellement de difficile en ces découvertes que le tour du monde, l’entreprise de Magellan et de son pilote, le Basque Sébastien del Cano.

Le plus brillant, le plus facile, avait été la traversée de l’Atlantique, sous le souffle des alizés, la rencontre de l’Amérique, dès longtemps découverte au nord.

Les Portugais firent une chose bien moins extraordinaire encore en mettant tout un siècle à découvrir la côte occidentale de l’Afrique. Nos Normands, en peu de temps, en avaient trouvé la moitié. Malgré ce qu’on a dit de l’école de Lisbonne et de la louable persévérance du prince Henri qui la créa, le Vénitien Cadamosto témoigne dans sa relation du peu d’habileté des pilotes portugais. Dès qu’ils en eurent un vraiment hardi et de génie, Barthélemi Diaz, qui doubla le Cap, ils le remplacèrent par Gama, un grand seigneur de la maison du roi, homme de guerre surtout. Ils étaient plus préoccupés de conquêtes à faire et de trésors à prendre que de découvertes proprement dites. Gama fut admirable de courage ; mais il ne fut que trop fidèle aux ordres qu’il avait de ne souffrir personne dans les mêmes mers. Un vaisseau de