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Le savant libraire italien, Colomb, était bien sûr de son affaire. Il avait été en Islande recueillir les traditions ; et, d’autre part, les Basques lui disaient tout ce qu’ils savaient de Terre-Neuve. Un Gallicien y avait été jeté et y avait habité. Colomb prit pour associés des pilotes établis en Andalousie, les Pinzon, qu’on croit être identiques aux Pinçon de Dieppe.

Ce dernier point est vraisemblable. Nos Normands et les Basques, sujets de la Castille, étaient en intime rapport. Ce sont ceux-ci, qu’on nommait Castillans, qui, sous le Normand Béthencourt, firent la célèbre expédition des Canaries (Navarrete). Nos rois donnèrent des privilèges aux Castillans établis à Honfleur et à Dieppe ; et, par contre, les Dieppois avaient des comptoirs à Séville. Il n’est pas sûr qu’un Dieppois ait trouvé l’Amérique quatre ans avant Colomb ; mais il est presque sûr que ces Pinçon d’Andalousie étaient des armateurs normands.

Ni Basques, ni Normands, n’auraient pu, en leur propre nom, se faire autoriser par la Castille. Il y fallut un Italien habile et éloquent, un Génois obstiné qui poursuivît quinze ans la chose, qui trouvât le moment unique, empoignât l’occasion, sût lever le scrupule. Le moment fut celui où la ruine des Maures coûta si cher à la Castille, où l’on criait de plus en plus : « De l’or ! » Le moment fut